Dans la Tête d'un Cycliste

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Les belles initiatives pour écrire le cyclisme au féminin

En cette journée internationale des Droits de la Femme, il est important de mettre en avant les initiatives qui permettent aux femmes un meilleur accès à la pratique sportive. Dans le cyclisme, ces initiatives peuvent porter plusieurs noms.  

Crédits : Thomas Maheux

Wilma : Pensée par les femmes pour les femmes

Genèse d’un projet hors normes

La marque Wilma est née en 2019 d’un constat : les femmes cyclistes semblaient être les laissées pour compte d’une industrie textile pourtant fleurissante.

Céline Champonnet, fondatrice de la marque, commence alors à réfléchir aux différentes problématiques rencontrées par les femmes qui décident d’enfourcher un vélo. L’une d’elle ressort particulièrement : la pratique du vélo en période de règles.

Le cyclisme est un sport d’endurance qui nécessite de rester en selle des heures durant. Pour des raisons évidentes de confort, les pratiquants ne portent aucun sous-vêtement sous leur cuissard. C’est de là que nait la question que chaque femme cycliste, et particulièrement celles qui pratiquent l’ultra-cyclisme se posent : comment gérer les saignements sans sacrifier son confort et sa volonté de pédaler toujours plus loin ?

Céline trouve alors son principal cheval de bataille et se lance à corps perdu dans cette mission longtemps mise de côté : permettre aux femmes de rouler en période de règles. Wilma est née.  

Wilma : une innovation réfléchie et pertinente

De son propre aveu, Céline Champonnet s’est longuement interrogée sur le positionnement de Wilma. Dans un milieu encore majoritairement masculin, comment sera reçue sa marque qui ne s’adresse qu’aux femmes ?

Avec la volonté de ne pas exclure les hommes de sa démarche initiale, elle réfléchit et constate qu’il existe déjà une multitude d’offres de matériels textiles masculins. Wilma n’aurait dès lors aucun apport spécifique. C’est ainsi qu’elle prend la décision ferme et définitive de se spécialiser uniquement sur l’équipement féminin et ses spécificités.

Au terme d’un long travail de recherche, elle lance en 2020 le Bloody Queen, véritable innovation mondiale et révolution dans le milieu du cyclisme féminin. Le Bloody Queen, qu’est-ce que c’est ? Un cuissard qui peut se porter tous les jours du mois, y compris pendant les règles. C’est une innovation majeure qui permet à des milliers de femmes d’allonger leurs sorties, de se lancer dans des ultras, de se libérer d’une charge mentale extrêmement pesante. C’est une libération.

Le succès est immédiat. Wilma rencontre rapidement son public et c’est une véritable communauté qui se crée autour de la marque. Les retours sont unanimes : le cuissard Bloody Queen est une révélation. Beaucoup en avait rêvé sans oser y croire et c’est maintenant une réalité.

Loin de vouloir s’arrêter à ce succès grandissant, Céline, dorénavant entourée d’une équipe de femmes motivées et impliquées dans son projet, continue de rechercher les problématiques qui pourraient encore limiter l’accessibilité du cyclisme aux femmes.

C’est ainsi que nait WILD, un cuissard avec un pad amovible qui permet une utilisation sur plusieurs jours consécutifs en période de règles. Le challenge est clair : faire oublier aux femmes les limites qu’elles s’étaient elles-mêmes fixées.

Challenge, écoute et évolutions

Loin de se cantonner à rester une marque de textile, WILMA devient un mouvement. La marque fédère une communauté de plus de 10 000 femmes qui véhiculent ses valeurs et participent activement à son succès.

Afin de faire rayonner davantage chaque femme dans sa propre pratique, WILMA a décidé de monter un projet de grande ampleur sur l’Étape du Tour en collaboration avec Julbo : une équipe purement féminine. L’Étape du Tour est une institution dans le monde du cyclisme. Cette épreuve aussi mythique qu’exigeante se tiendra cette année entre Nice et le col de la Couillole. 138km et 4 600m de D+ attendent les courageux participants parmi lesquels on compte un pourcentage relativement faible de femmes.

C’est la raison pour laquelle dès 2023, une équipe exclusivement féminine avait vu le jour. S’inscrivant dans une sorte de continuité, WILMA s’associe à JULBO, marque reconnue dans le monde du cyclisme, pour permettre à une délégation de femmes de prendre le départ de l’édition 2024.

Ne voulant pas s’ériger en porte-étendard de la cause féministe à travers cette initiative, Céline explique qu’elle souhaite avant tout accompagner chaque femme dans son individualité, pour lui permettre de relever ce défi de taille.

« Je souhaite que chaque femme puisse passer la ligne d’arrivée, se retourner et se dire : J’y suis arrivée ».

Le meilleur compliment que l’on puisse lui faire à l’issue d’un événement comme celui-ci ? Que chacune des participantes aient pu se concentrer exclusivement sur son effort, sans avoir à se soucier des problématiques d’équipement et de son cycle menstruel.



WATT : Women are Talented Too

WATT : une association pas comme les autres

Fondée en 2020, par Fanny Reyer, l’association WATT (acronyme de Women Are Talented Too), oeuvre pour la valorisation du cyclisme féminin. Son objectif est simple : réintroduire les femmes sur les routes et les pelotons, les aider à prendre confiance et à se réapproprier la route.

L’idée de Fanny provient de sa propre expérience dans le monde du cyclisme. Lors de sa participation à différents événements cyclistes, elle raconte :

« Certains hommes ont clairement montré que ma présence les dérangeait, jusqu’à avoir des comportements dangereux pour moi mais aussi pour les autres. »

Bousculade, remarques déplacées, intimidations… Ces situations, pourtant le fait d’une minorité, rendent l’accès au cyclisme sur route particulièrement difficile pour les femmes au-delà des problématiques classiques de sécurité.

Devant cet affligeant constat, Fanny Reyer décide de crever l’abcès et d’évoquer son expérience sur les réseaux sociaux. Son initiative libère alors la parole de nombreuses femmes qui lui témoignent son soutien et racontent leurs propres déboires. Révoltée à l’idée que de pareils comportements puissent dissuader les femmes de se lancer dans la pratique du cycliste, elle crée l’association WATT.

WATT : le pouvoir de la communauté

Le principe de WATT est simple : organiser des « rides sociaux », accessibles à tous. Lors de ces sorties, des groupes de niveau sont formés afin de permettre à chacun de trouver son bonheur en adéquation avec sa pratique.

Les groupes sont mixtes car le but n’est pas de diviser ni de stigmatiser les hommes pour mettre en avant les femmes dans le cyclisme. Les deux sexes doivent cohabiter et partager le même terrain de jeu : la route. Cette initiative, d’apparence simple, participe à banaliser la présence de femmes dans les pelotons, aussi bien lors des sorties loisirs que sur les compétitions.

À raison d’un ride par mois, la communauté WATT se réunit autour du vélo d’abord, puis d’un bon verre ensuite pour renforcer la cohésion et échanger en toute bienveillance autour d’une passion commune qui se poursuit bien au-delà des stéréotypes de genre.

« On commence ensemble, on termine ensemble ».




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