“L’Étape du Tour est à l’image du Tour de France: prestigieuse et exigeante”. – Rencontre avec Thomas Delpeuch, Directeur des événements grand public chez A.S.O

Alors q’une poignée de jours sépare maintenant les cyclistes amateurs de la mythique Étape du Tour, nous sommes partis à la rencontre de Thomas Delpeuch, Directeur des événements Grand Public chez A.S.O et organisateur de cette cyclosportive unique.

Pour commencer, où est née l’idée de L’Étape du Tour ?

La première édition de L’Étape du Tour date de 1993. En fait, Vélo Mag et A.S.O. ont eu l’idée de créer une cyclosportive exclusivement dédiée aux amateurs.

Il faut dire qu’à cette époque, ce type d’événement se faisait très rare. C’est pourquoi A.S.O a eu toute la latitude pour imaginer une cyclosportive engagée qui se déroulerait en montagne. Cerise sur le gâteau ? Elle se tiendrait pendant le mythique Tour de France !

L’Étape du Tour est née.

Quand on observe les parcours des différentes éditions de L’Étape du Tour, une chose saute aux yeux : la difficulté du parcours. Pourquoi avoir choisi de challenger les participants avec une course si exigeante ?

L’Étape du Tour a toujours été une épreuve de montagne. C’est comme ça qu’elle a été imaginée et c’est ce que les coureurs recherchent.

Nous n’avons jamais envisagé de déplacer l’événement sur une étape de plaine. Après tout, le succès du Tour de France repose en grande partie sur les épreuves de montagne. Ce sont ces étapes qui fascinent les coureurs amateurs, qui les font rêver et créent la légende du Tour.

L’Étape du Tour est à l’image du Tour de France : prestigieuse et exigeante. Cette année, le parcours est parfaitement dans les standards de ces dernières années. Il s’agit d’un défi faisable certes, mais difficile.

Avec des parcours si techniques, quels moyens mettez-vous en place pour garantir la sécurité des participants ?

On ne peut pas garantir à 100% la sécurité des coureurs. Chaque participant est responsable de son vélo et personne n’est jamais à l’abri d’une mauvaise chute.

Mais contrairement à la plupart des cyclosportives, L’Étape du Tour se déroule sur un parcours exempt de véhicules. La circulation est totalement bloquée le temps de l’épreuve. Cela permet aux coureurs de pédaler sereinement sans avoir à se préoccuper de l’environnement extérieur.

À notre échelle, nous mettons en place quelques mesures pour limiter les risques. Nous avons décidé d’étaler le peloton. Tous les coureurs ne partent pas en même temps mais par vague, à l’image de ce que l’on peut voir sur le Marathon de Paris par exemple. Cela demande une logistique plus lourde mais permet une meilleure gestion des espaces entre les coureurs, des ravitaillements mais aussi des descentes et des passages techniques.

« L’Étape du Tour est étroitement liée au Tour de France et à sa renommée internationale. »

Sur le parcours, nous déployons des moyens humains et matériels très conséquents pour signaler les virages dangereux et les portions qui nécessitent une vigilance particulière. L’équipe médicale est elle-aussi très présente : 15 médecins, des motos, des hélicoptères et des ambulances jalonnent le parcours pour garantir une assistance rapide à tout coureur qui rencontrerait des difficultés.

Enfin, nous prenons des décisions fortes pour que les participants vivent une expérience inoubliable et sécurisée. Cette année par exemple, l’arrivée de l’étape se fera au niveau du haut de Joux Plane. La descente vers Morzine, qui s’annonce technique et se dessine alors que les coureurs sont épuisés, pourra se faire tranquillement sans pression du chrono. Tout le monde se retrouvera ensuite à Morzine pour fêter l’événement comme il se doit.

Comment expliquez-vous le succès de L’Étape du Tour ?

L’Étape du Tour est étroitement liée au Tour de France et à sa renommée internationale. Elle se déroule quelques jours avant la course des professionnels. Il est certain que cela participe grandement à sa renommée et à son succès auprès des amateurs. D’ailleurs, on retrouve des participants venus du monde entier !

De plus, la course se tient en été. Les cyclistes ont repris l’entrainement depuis mars-avril et sont prêts à se lancer dans l’aventure. C’est le calendrier idéal. On est dans la pleine saison des cyclosportives, ce n’est pas un hasard !

On sait qu’historiquement, le cyclisme est un sport assez masculin. Avez-vous pu constater l’arrivée de plus en plus de femmes sur L’Étape du Tour ces dernières années ? Comment pensez-vous les attirer ?

Quand on parle de la place de la femme dans le cyclisme, on part de loin. Cela fait finalement très peu de temps que les femmes font leur apparition dans les pelotons.

Pour autant, les choses vont dans le bon sens. Les équipementiers s’intéressent de plus en plus au cyclisme féminin. Textile, chaussures mais aussi cadres de vélo… De plus en plus de marques décident de s’intéresser aux femmes. Il y a dès lors fort à parier qu’elles seront de plus en plus nombreuses à participer aux cyclosportives dans les prochaines années.

 « L’Étape du Tour est une course en montagne. On sait que les conditions peuvent être difficiles et très changeantes. »

Actuellement sur L’Étape du Tour, les femmes représentent 6 à 8% des inscriptions. C’est très peu. Mais il faut bien comprendre que cette course jouit d’une sacrée réputation ! On peut facilement imaginer que si les femmes commencent à être de plus en plus nombreuses à commencer le cyclisme, elles se lanceront sur L’Étape du Tour quand elles auront engrangé l’expérience nécessaire. On espère sincèrement voir ce pourcentage augmenter. Cela se fera doucement certes, mais sûrement.

Quoi qu’il en soit, nous avons à cœur de recueillir les témoignages des coureuses et de porter haut leurs voix. En discutant, en partageant et en tirant les enseignements de leurs retours, nous pourront déterminer des axes de progression permettant de démocratiser la pratique du cyclisme féminin.

Quel serait le meilleur souvenir de l’organisation de l’Étape du Tour ?

Il est impossible de ne citer qu’un souvenir. En fait, il serait plus juste de dire que ce que l’on aime sur L’Étape du Tour, c’est l’accueil des collectivités.

On est souvent extrêmement bien accueillis dans les villes organisatrices. Les commerçants, les élus locaux mais aussi les habitants sont à fond derrière nous et font partie intégrante de l’aventure. Sans eux, L’Étape du Tour n’existerait pas.

Les moments de partage et les échanges positifs avec ces collectivités, ce sont ça les meilleurs moments de l’événement !

Il y a-t-il au contraire des souvenirs plus difficiles ? 

Je dirais que ça tient en un mot : météo. C’est la seule donnée que l’on ne maitrise pas et elle peut avoir un impact extrêmement fort sur l’épreuve. L’Étape du Tour est une course en montagne. On sait que les conditions peuvent être difficiles et très changeantes. On est contraints de s’adapter presque au jour le jour en fonction de l’évolution des prévisions.

Je vais parler d’une édition en particulier, et ceux qui étaient là se reconnaitront. C’était en 2011 ou 2012. L’Étape du Tour devait se dérouler entre Issoire et Saint-Flour, dans le Cantal. Le jour J au départ d’Issoire, aucune difficulté particulière n’était annoncée. Mais au moment du départ, la pluie s’est invitée. Après environ 60km parcourus, les coureurs se sont retrouvés confrontés à un terrible vent de face qui s’est ajouté à la pluie diluvienne. La moitié du peloton a décidé d’abandonner. Il y a eu ce jour-là un véritable effet de masse, l’abandon des uns provoquant celui des autres. Bien sûr, il a fallu rapatrier tout ce monde ! Ce fut une grosse organisation.

L’ironie dans tout ça ? Les coureurs qui ont décidé de poursuivre la course ont terminé sous un temps radieux. Cela a généré une grosse frustration chez ceux qui ont choisi de s’arrêter, mais aucune animosité envers nous. Ils étaient déçus, on l’était pour eux, mais on ne peut malheureusement pas tout maîtriser.

Au-delà du facteur météorologique, nous avons dû faire face à quelques accidents graves, bien qu’heureusement très rares. Il faut le savoir et ne pas le nier. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les choses se passent bien et quand ce n’est pas le cas, forcément cela nous atteint.

Notre mission est de mettre du sport dans la vie des gens, c’est toujours un drame quand certains finissent par se blesser.

Quels conseils pourriez-vous donner à un coureur qui participe pour la première fois à L’Étape du Tour ?

Il est trop tard pour lui conseiller de bien s’entrainer ! Mais pour ceux qui seraient tentés de rejoindre l’aventure l’année prochaine, n’hésitez pas à travailler le foncier tout au long de l’hiver. Lancez-vous sur le vélo dès février-mars en étant déjà en bonne condition physique et vous pourrez espérer être prêts le jour-J.

Pour ceux qui ont rendez-vous avec nous dans 10 jours regardez la météo quand vous faites votre sac ! Votre ennemi numéro 1, ce sont les cols, mais la météo vient juste derrière. Apportez tout le matériel nécessaire. Mieux vaut qu’il ne serve pas plutôt qu’il vous manque une fois en course.

Prenez du plaisir. C’est très important. Si vous n’habitez pas dans une région montagneuse, challengez-vous dans les montées , donnez votre maximum mais restez prudents dans les descentes. Ne les sous-estimez pas.  

Enfin, profitez du paysage sensationnel que vous offre le parcours avec en bonus, la vue sur le Mont Blanc qui vous attend à l’arrivée !  



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