Guillaume Martin-Guyonnet : Portrait d’un coureur-philosophe
Guillaume Martin, c’est un coureur pas comme les autres. Passionné de philosophie, auteur de plusieurs livres… Il ne se contente pas de pédaler : il réfléchit, il écrit, il explore. Avec lui, le vélo devient un terrain de jeu pour le corps… et pour l’esprit.
Rencontre avec un sportif qui trace sa route, en pleine conscience.
Le retour, là où tout a commencé
En 2014, Guillaume était stagiaire au sein de l'Équipe cycliste Groupama-FDJ sans que cela ne débouche sur un contrat. Dix ans plus tard, il revient. Un symbole fort, et une belle histoire de réconciliation. « On a mis les choses à plat avec Marc Madiot, et en cinq minutes, c’était fait. Depuis, tout se passe très bien. »
Il retrouve dans cette structure une ambiance à la fois sérieuse et stimulante. L’attention portée aux détails, la rigueur du suivi, de nouvelles méthodes de travail… Tout cela l’aide à progresser encore, même après plus de dix ans de carrière.
Une passion restée intacte
Avec près de 15 000 km parcourus en course en 2024, Guillaume était le coureur le plus actif du peloton. Et s’il avoue ressentir parfois du stress ou de la tension, il n’a rien perdu de son goût pour la compétition. « J’aime courir, j’aime mettre un dossard. Même si, avec le temps, j’apprécie aussi de plus en plus l’entraînement. »
Son approche est plus mature, plus fine. Il apprend à mieux écouter son corps, à affiner sa préparation. Après des tests de glycémie en collaboration avec le nutritionniste de l’équipe, il a par exemple découvert qu’il avait une forte sensibilité au sucre, ce qui l’amène à revoir certains choix alimentaires. Une évolution bénéfique pour sa santé et pour ses performances.
L’art de la constance
Avec une dizaine de victoires pros et des places régulières dans le top 10 des grands tours, Guillaume mise avant tout sur la régularité. Et ça, dans un peloton de plus en plus dense, c’est une vraie qualité. « On me parle souvent de laisser filer au général pour tenter une échappée. Mais ce n’est pas moi. J’aime donner le meilleur, tout le temps. »
Ce qu’il cherche, ce n’est pas la gloire d’un jour, mais le travail bien fait, jour après jour. Une manière de courir honnête, fidèle à ses valeurs.
Penser le sport autrement
Quand il ne passe pas son temps sur le vélo, il écrit des livres. Il a notamment écrit "La Société du Peloton", dans lequel il observe le monde du cyclisme comme un reflet miniature de notre société : hiérarchies, rôles, solidarité, compétition…
Il s’inspire de Nietzsche, qu’il admire, pour penser le sport différemment. Pour lui, le corps n’est pas un outil au service de l’esprit, c’est lui qui guide notre rapport au monde. « Il n’y a pas de honte à vouloir gagner. L’effort, la victoire, la recherche de dépassement… ça fait partie du jeu. »
Musique, tartes et littérature
En dehors du vélo, Guillaume cultive ses passions. Il lit des romans japonais, écoute Jane pour se motiver, reste fidèle aux Beatles, et confesse un faible pour le rap d’Hugo TSR. Côté séries, il a bouclé Peaky Blinders, Game of Thrones, Mad Men. Et pour le dessert, c’est tarte normande. Avec beaucoup de pommes.
Guillaume Martin-Guyonnet, c’est un coureur à part. Un grimpeur qui écrit, un penseur qui court, un homme qui avance sans jamais se renier. Et c’est peut-être ça, son vrai talent : pédaler avec la tête et le cœur, toujours en équilibre.